Interview Harvey Dalton Arnold. (Août 2020)

1) Peux-tu nous en dire plus sur toi, d’où viens-tu ? Où es-tu né ?

Je suis né et j’ai grandi dans l’Est de la Caroline du Nord (USA). Je suis né à Mount Olive et j’ai grandi à Rose Hill, des petites villes typiques du sud.

2) Viens-tu d’une famille de musiciens ?

À ma connaissance, je ne connais personne mis à part moi ayant une formation musicale. En revanche, mon fils est un auteur et un musicien très talentueux.

3) Par quel instrument as-tu commencé et à quel âge ?

J’ai commencé vers 11 ans avec des cours de piano, mais mon professeur a expliqué à mes parents que c’était de l’argent jeté par les fenêtres, étant donné que tous les morceaux que je jouais étaient des chansons connues.

4) Quelles ont été tes influences musicales ?

Bien évidemment les Beatles, j’ai aussi été entouré de musique country tel que Hank Williams Sr. Mais plus particulièrement le blues que j’ai découvert au début de mon adolescence.

5) Dans quels groupes as-tu joué quand tu étais adolescent ?

Nous avions un groupe au lycée qui s’appelait Heather. La plupart des membres de ce groupe et moi jouons encore ensemble aujourd'hui.

6) Quand et comment as-tu intégré les Outlaws ?

J’ai intégré les Outlaws en juillet 1976. Je me produisais à Tampa (Floride) lorsqu’un ami m’a appelé et m’a expliqué que les Outlaws recherchaient un nouveau bassiste. Ils m’ont alors rencontré et écouté un vendredi, et le jeudi d’après nous nous produisions à Birmingham (Alabama) pour faire la première partie de Lynyrd Skynyrd et de Johnny Winter.

7) Sur quel matériel jouais-tu à cette époque ?

Je jouais sur ma Fender Precision pour droitier de 1966 avec les cordes montées pour un gaucher.

8) Sur l’album Hurry Sundown, j’apprécie particulièrement deux titres que tu as composés : « Cold and lonesome » et la superbe chanson « So Afraid » qui est dans un style très country. Aimais-tu la country musique et si oui, l’aimes-tu encore aujourd’hui ?

J’ai grandi en écoutant de la musique country, du fait de l’endroit où je vivais. Donc oui, j’aime beaucoup, c’est dans mes veines. J’apprécie également la country plus ancienne qui est plus soul.

9) Connais-tu les raisons du départ d’Henry Paul ?

Je pense qu’Henry avait hâte de se diversifier, donc il a tout de suite monté son propre groupe et effectué quelques bons enregistrements.

10) En octobre 1977, comment le groupe a réagi à l’annonce de l’accident d’avion qui transportait Lynyrd Skynyrd ?

On était censé partir de Tampa (Floride) le matin suivant le crash pour rejoindre Skynyrd où qu’ils se rendaient. Nous étions dévastés comme tout le monde. Nous avions joué avec eux peu de temps avant le crash sur la côte Ouest, et cela a été le meilleur de ce que j'ai jamais entendu d’eux.

11) Quel souvenir gardes-tu de la tournée des Outlaws avec les Rolling Stones ?

Ils étaient tout simplement un bon groupe de rock and roll. Plus personnellement, mon meilleur souvenir a été ma rencontre avec leur bassiste Duck Dunn qui a été l’un des héros de mon enfance.

12) Sur la pochette de « In the eye of the storm », on voit tous les membres des Outlaws portant la moustache. Était-ce un pari ?

C’était une simple coïncidence. C’était plutôt drôle à voir ; je crois qu’une fois qu’on a vu la photo on a changé notre look.

13) Les Outlaws ont souvent tourné avec Molly Hatchet. Apparemment, les deux groupes étaient bons copains. As-tu des anecdotes de cette période ? As-tu assisté à des désaccords entre les membres de Molly Hatchet ?

On a fait 100 dates avec Molly Hatchet et nous sommes devenus de bons amis. Il y a eu un mémorable combat de tarte lors de notre dernière date à l’Université de Virginie. Je pense que tous les groupes rencontrent des désaccords, ils en ont eu et je suis sûr qu’ils nous ont aussi entendu en avoir.

14) Les groupes de southern rock avaient la réputation de faire des bringues d’enfer. Était-ce le cas des Outlaws ?

Nous n’avons jamais organisé de grandes fêtes mais nous étions toujours à l'affût.

15) Il paraît que Billy Jones traînait souvent avec les gars de Doc Holliday connus pour leurs fiestas de dingues. Confirmes-tu cela ?

Je ne me souviens pas parce que cela a dû se produire après mon départ.

16) Quel genre d’homme était Billy Jones ? As-tu des anecdotes à son sujet ?

Billy Jones était mon ami le plus proche au sein des Outlaws. Il parlait très doucement, était assez compliqué mais avait un bon cœur. Il me manque encore aujourd’hui.

17) Sais-tu pourquoi Billy a quitté les Outlaws ?

Il a quitté le groupe après moi.

18) As-tu eu quelques éclaircissements sur les circonstances de son suicide ?

Non, j’ai entendu la nouvelle et j’ai été choqué et attristé.

19) Joues-tu sur l’album Ghost Riders ?

Non.

20) Quel est ton meilleur et ton pire souvenir avec les Outlaws ?

Mon meilleur souvenir a été l’enregistrement de Hurry Sundown à Coconut Grove (Floride) avec le producteur Bill Szymczyk. Mon pire souvenir serait que sur la fin, je ne prenais plus de plaisir.

21) Quand et pourquoi as-tu quitté les Outlaws ?

J’ai quitté les Outlaws en 1980 d’un commun accord. Comme je l’ai dit, sur la fin je ne m’amusais plus ou ça ne me convenait plus. On sait lorsqu’il est temps de passer à autre chose.

22) As-tu continué à jouer ensuite ?

Je n’ai jamais cessé de jouer professionnellement.

23) Quand Hughie Thomasson a reformé les Outlaws en 2005, t’a-t-il contacté pour en faire partie à nouveau ?

Hughie et moi en avions discuté fin des années 1980, mais cela n’a pas abouti.

24) Sur ton album solo « Outlaw », tu joues seul sur une guitare acoustique. Sur le suivant, Stories to Live Up To, tu as une section rythmique. Sur ces deux disques, on constate que tu maîtrises parfaitement la guitare. Quand es-tu passé de la basse à la guitare et est-ce que cela a été difficile pour toi ?

Merci pour le compliment. J’ai joué pendant plusieurs années de la guitare, mais j’ai vraiment commencé la guitare slide fin des années 1990. Je suis plutôt un joueur émotionnel et non technique.

25) Ces deux disques montrent ta passion pour le blues. As-tu toujours aimé cette musique ?

Je joue du blues depuis plus de 50 ans, avant et après les Outlaws.

26) Selon toi, pour la basse et la guitare, quelle est la meilleure combinaison (ampli, micros, tirants de cordes) ?

Pour la basse, j’utilise un Fender Bandmaster de 1965 reconverti en un Dual Showman vers 80-100 Watts (Le Bandmaster est à l’origine un ampli de 40 W, note de la rédaction). J’utilise des cordes de basse chromées d'Addario sur une basse Danelectro rééditée de 1998. Pour la guitare, j'utilise une Fender Stratocaster américaine de 1995 avec un jeu de cordes .010 d'Addario. Enfin, j'utilise un Fender Custom Vibrolux Blackface réédité.

27) Tu as vaincu la maladie mais tu as aussi retrouvé ta voix, ce qui semble miraculeux. Tu chantes souvent dans les hôpitaux pour apporter du soutien aux malades. Comptes-tu donner des concerts dans d’autres endroits ou reprendre une activité musicale à plein temps ?

Comme tout le monde, j'ai été soudainement stoppé par le Covid19. Je jouais constamment jusque-là et j'espère m'y remettre.

28) Peux-tu nous dire les thèmes que tu abordes dans ton nouvel album Stories to Live Up To ?

Après un premier CD à tendance blues, je voulais que cet album représente des chansons qui projettent des images et qui provoquent des émotions d’une façon plus électrique.

29) J’ai beaucoup aimé « Lone Outlaw », avec ses influences sudistes qui se ressentent dans la progression d’accords et la guitare aux accents de Dickey Betts, peux-tu nous en dire plus sur cette chanson ?

J’ai écrit cette chanson en 1983, lorsque Hughie était le dernier membre originel des Outlaws. J’ai été inspiré par le fait qu’il composait toujours. J’ai toujours été fan de Dickey Betts, donc je suppose que c’est pour cela qu’on retrouve son style.

30) Comment vois-tu l’avenir du rock sudiste ?

J’ai été stupéfait de voir que les gens l’apprécient encore depuis le temps et de le voir apparaître dans de nouveaux groupes. Je suis persuadé qu’il perdura éternellement.

31) As-tu des regrets concernant ta carrière de musicien professionnel ?

La vie est un chemin que l’on suit. Je suis reconnaissant d’avoir pu jouer de la musique tout en travaillant et en élevant ma famille. Partir à la retraite avec une guitare en main c’est agréable.

32) Quels conseils donnerais-tu aujourd’hui à un jeune musicien souhaitant faire de la musique son métier ?

Il faut s’entraîner et au moins jouer de votre instrument tous les jours. Se comporter correctement avec les gens et être présent au bon moment, et vous irez loin.

33) Quels sont tes projets ?

J’écris et je joue quotidiennement de nouveaux morceaux dans mon studio d’enregistrement. Je suis très fier de Stories to Live Up To et j'en fais également la promotion. Sachant que mes albums ont plu à l’international, l’idée d’une tournée à l’étranger me semble fascinante.

Questions : Olivier Aubry / Philippe Archambeau

Traduction : Tamirys LOZAT / Y. PHILIPPOT-DEGAND


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